LE GRAND PRIX DE BORDEAUX DU 24 AVRIL 1955 SUR LE CIRCUIT DES QUINCONCES
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Affiche du GP 1955 - archives ACSO |
Pour son édition 1955, le Grand Prix de Bordeaux connaît une modification du point de vue du calendrier. Alors que lors des années précédentes entre trois et quatre semaines séparaient les courses de Pau et de Bordeaux, l’ACSO décide de rapprocher son épreuve de celle de sa voisine régionale. Ainsi, seulement deux semaines vont séparer les deux manifestations.
Le lundi de Pâques, Jean Behra, désormais pilote officiel Maserati, remporte à nouveau le Grand Prix de Pau, notamment au détriment de la Lancia d’Alberto Ascari. Après la course, il déclare au journaliste de Sud Ouest René Labbe que son prochain projet est de « gagner à Bordeaux dans quinze jours. Je l’espère d’autant mieux que le circuit de Bordeaux avec ses lignes droites conviendra mieux que Pau à ma Maserati ! » (Sud Ouest, 12 avril 1955).
LA PREPARATION
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Plan du circuit du GP 1955 - archives ACSO |
L’engagement de l’écurie Maserati à Bordeaux est officialisé au lendemain de l’épreuve paloise. Trois monoplaces 250F seront présentes, pilotées donc par Behra ainsi que par Roberto Mieres et l’Italien Luigi Musso. Pendant ce temps, Lancia annonce que l’équipe préfère préparer le Grand Prix de Monaco le 22 mai, alors qu’il était certain que l’écurie Mercedes ne serait pas à Bordeaux. Dominatrice depuis quelques mois, elle a pris la décision de se concentrer uniquement sur le championnat du monde.
Pour sa part, l’écurie Gordini sera bien évidemment à Bordeaux, comme chaque année. Deux voitures sont engagées pour Robert Manzon et Elie Bayol, de retour dans cette écurie ! L’inscription dans la course bordelaise va de soi pour Amédée Gordini, malgré les problèmes de freins rencontrés dans le Béarn : « J’ai le temps de tout remettre au point. Pour l’ACSO où je suis toujours si gentiment, si largement reçu, je passerai des nuits blanches. Mais je serais prêt. Pau fut une expérience, j’ai compris… » (Sud Ouest, 14 avril 1955) Le « Sorcier » est donc attendu aux avant-postes à Bordeaux.
Et ce ne sera qu’à l’avant-veille des premiers essais, le mercredi 20 avril, que l’ACSO peut enfin annoncer l’engagement de la Scuderia Ferrari pour le Grand Prix, confirmant les promesses et l’engagement moral témoigné dès la fin de la course de 1954. Après de nombreuses discussions et de multiples coups de fil entre Maranello et Bordeaux, notamment pour négocier jusqu’au dernier moment les frais de déplacement des monoplaces, les Ferrari seront bien sur la Place des Quinconces avec Nino Farina, Maurice Trintignant et l’Espagnol Alfonso de Portago. Si ce dernier disposera d’un modèle plus ancien, Farina et Trintignant seront au volant des nouvelles Ferrari 555 Supersqualo conçues par Aurelio Lampedri. Il s’agit du premier engagement en compétition de ces monoplaces, un honneur et une reconnaissance pour le travail de l’ACSO.
En dehors de ces engagements d’écuries officielles, il y a aussi des inscriptions de Maserati privées. Modèle devenu la norme pour tout pilote indépendant souhaitant être compétitif, la 250F est désormais très répandue sur les circuits Européens. A tel point que l’ACSO a dû se résoudre à opérer une véritable sélection dont ressortent principalement quatre champions garants d’un bon esprit sur la piste : Stirling Moss, Louis Rosier, le Prince Bira et André Simon. Désormais pilote officiel chez Mercedes, Stirling Moss peut profiter de l’absence des flèches d’argent en Gironde pour reprendre le volant de sa propre Maserati à Bordeaux, avec la bénédiction du Directeur Sportif de Mercedes, Alfred Neubauer. Louis Rosier a décidé de louer sa Ferrari selon les courses afin d’acquérir en septembre 1954 un châssis de Maserati 250F, repeint en bleu, et avec lequel il poursuit sa carrière à 50 ans, animé par la seule passion de la course. Quant au Prince Bira, il aura l’occasion de laisser à l’Hôtel Splendid une nouvelle note téléphonique pharamineuse, aux bonnes grâces d’un règlement par l’ACSO. C’est loin la Thaïlande ! Enfin, une quatrième Maserati est engagée pour le revenant André Simon, à nouveau en pleine possession de ses moyens physiques et qui vient de racheter la monoplace avec laquelle Fangio a remporté le Grand Prix de Belgique 1954. A contrario, la demande d’engagement du diplomate Dominicain Porfirio Rubirosa sur sa Ferrari 500 personnelle est repoussée, ce véritable play-boy étant plus connu pour ses nombreuses conquêtes que pour son coup de volant.
LES COURSES ANNEXES
A l’heure d’aborder la programmation complète du Grand Prix de Bordeaux 1955, le Moto-Club de Bordeaux a obtenu la principale évolution. La Fédération Française de Motocyclisme inscrit en effet l’épreuve Bordelaise dans la liste des épreuves comptant pour les championnats de France. De fait, l’épreuve réservée aux 125 et 175 cm3 comptera pour le championnat en catégorie nationale, alors qu’une course de sidecars est de nouveau programmée, et comptera pour la catégorie internationale du championnat. Cette course si spectaculaire avait été demandée par de nombreux spectateurs et cette inscription garantit un plateau relevé.
Une autre évolution est à noter, du côté de l’ACSO cette fois. La course automobile prélude au Grand Prix proprement dit monte en gamme au profit de véritables voitures de compétition, inscrites en catégorie Sport. Désormais, les voitures présentes à Bordeaux seront similaires à une partie de celles présentes lors des 24 Heures du Mans. Ces voitures, réparties en deux classes de puissances, vont donc permettre une véritable course internationale et une sélection des engagés est mise.
Les épreuves de ce samedi 23 avril ensoleillé débutent avec les courses motos, sous la direction du Président du MCB, André Brunetière. Ce sont quarante motards et sidecaristes qui s’affrontent dans les deux courses au programme.
Devant un large public, les festivités de ces courses portant le label du championnat de France démarrent à 14h10. 25 tours sont à couvrir pour tous les concurrents. La Magnat-Debon de Jacky Onda prend le meilleur départ suivie comme son ombre par le bordelais Jean-Pierre Bayle au guidon de son MV-Augusta. Les deux hommes dominent la course, et par conséquent le classement respectif de leur cylindrée.
Preuve de la rapidité du duo de tête, seulement huit motos sont encore dans le même tour après 11 boucles. Au 14ème tour, Bayle est victime d’une spectaculaire chute, heureusement sans gravité pour lui et pour sa machine. Il peut reprendre la course en conservant sa position, mais à désormais 25 secondes de Onda. Finalement, les positions restent figées jusqu’à l’arrivée, et le Niçois Jacky Onda l’emporte au classement général et en 175 cm3, Bayle étant son dauphin et le vainqueur de la catégorie 125 cm3.
Les voitures de Sport prennent le relais, protégées par les bottes de paille sur tout le parcours. Quinze pilotes confirmés sont inscrits dans cette catégorie qui signe le retour en force des Porsche à Bordeaux, notamment avec des pilotes Allemands comme Kurt Ahrens et Josef Jeser. Après avoir pris le meilleur départ, Marcel Balsa domine le début de la course, Jacques Calès menant pour sa part la catégorie des moins de 1.100 cm3. Négociant mal le virage du monument aux Girondins, Ahrens fait un tête-à-queue et se retrouve à 17 secondes de Balsa. Il se lance alors dans une poursuite effrénée, aligne les records du tour et reprend environ une seconde à chaque tour. A quatre tours de l’arrivée, seulement quatre secondes séparent les deux Porsche de tête. Continuant sur sa lancée, Ahrens réussit à le rejoindre dans l’avant-dernier tour et à le dépasser ! Ancien champion moto passé sur quatre roues en 1952, Kurt Ahrens remporte ainsi une superbe victoire avec sa Porsche 550 Spyder. Troisième à Bordeaux, Josef Jeser engagera ce même châssis 0016 de Porsche 550 aux 24 Heures du Mans quelques semaines plus tard, terminant 18ème au général (mais 2ème de sa classe) avec Gonzague Olivier.
Au pied du podium, Calès, qui semblait avoir course gagnée dans sa catégorie, est victime d’un problème de bougies. Ralenti, il se fait dépasser dans la dernière ligne droite par le bordelais Raymond Rispal qui fait ainsi gagner la barquette de sa conception, à motorisation Renault. Rispal devance ainsi deux Simca, celle de Jacques Calès étant suivie par le bordelais Jean-Claude Mothe.
Après ces superbes luttes automobiles, le public attend beaucoup des sidecars. Les machines s’élancent à 16h15 et se livrent à de nombreux duels dans les premiers tours. Favori, le Savoyard René Bétemps doit abandonner dès le 10ème tour, alors que Friedrich Hillebrand mène la danse devant la Norton de Jean Murit et la BMW du Champion de France en titre, Jacques Drion. Associé à Manfred Grunwald, Hillebrand domine l’épreuve avec une facilité déconcertante. Recordman du monde de vitesse à Montlhéry quelques semaines plus tôt au guidon de la BMW qu’il pilote à Bordeaux, il semble véritablement planer sur la piste. Derrière Jean Murit et son singe Francis Flahaut, Drion perd sa troisième place à seulement quelques centaines de mètres du drapeau à damier au profit de la Norton du Champion du monde 1952, Cyril Smith (associé à Stan Dibben).
LE GRAND PRIX
Le vendredi 22 avril, les essais débutent pour les douze pilotes inscrits pour le Grand Prix. Pour Ferrari, la première séance est plus une simple séance de rodage sous la direction de Nello Ugolini, Farina et Trintignant se partageant la monoplace de ce dernier. Dans le même temps, Bayol sort de la piste et heurte les bottes de paille. Légèrement endommagé, l’avant de sa Gordini est cependant réparé et remis en état pour la séance qualificative du lendemain.
Les essais qualificatifs du Grand Prix clôturent une journée du samedi 23 avril riche en émotions. Jean Behra y confirme son niveau de forme en signant la pole position devant son coéquipier Musso. Derrière les deux Maserati officielles, Trintignant et Moss signent le même temps au dixième de seconde près. Plus loin, les Gordini confirment qu’elles sont en retrait et que leurs pilotes risquent de connaitre des difficultés lors de la course. Quant à Rosier, il perd sur la piste un arbre de cardan. A la fin de la séance, une annonce officielle est faite au micro par Georges Fraichard. Le speaker officiel de l’épreuve demande alors au spectateur qui aurait recueilli la pièce de la rapporter au pilote Français. Le mécanicien attitré sur la Maserati a pu la récupérer quelques minutes plus tard !
Place désormais au Grand Prix, qui fait naturellement la une du quotidien régional en ce dimanche 24 avril 1955 ! Profitant du large soleil dominical, et même de la chaleur, les familles arrivent en nombre sur la Place des Quinconces et les terrasses des hangars des Quais en ce début d’après-midi. Les enfants se préparent à assister au spectacle en dévorant des chocolatines, tout en se désaltérant avec du Cacolac, cette nouvelle boisson chocolatée créée depuis l’année précédente dans le quartier de La Benauge.
Après la traditionnelle présentation des pilotes, durant laquelle Georges Fraichard interroge plusieurs pilotes et alors que certains spectateurs triés sur le volet peuvent approcher les concurrents, à l’image du vainqueur du Grand Prix 1932 Lucien Demazel, le maire Jacques Chaban-Delmas va pouvoir donner à 14h50 le départ du quatrième Grand Prix de Bordeaux.
En première ligne, nous avons les Maserati officielles avec leur couleur rouge propres aux voitures italiennes de Jean Behra et Luigi Musso, accompagnés de la Maserati arborant le traditionnel vert anglais de Stirling Moss. Derrière eux, les deux Ferrari de Nino Farina et Maurice Trintignant puis, en 3ème ligne, la Maserati de Roberto Mieres accompagnée des Gordini bleues de France d’Elie Bayol et Robert Manzon. Suivent les Maserati privées d’André Simon et du Prince Bira et enfin en dernière ligne la Ferrari bleue de Louis Rosier et la Ferrari privée d’Alfonso de Portago.
Et c’est parti pour ces douze concurrents ! Jean Behra conserve sa position de tête acquise aux essais et, au premier virage tout comme à la fin du premier tour, le classement de la course est rigoureusement le même que sur la grille de départ avec Behra en tête, devant Musso, Moss et les deux Ferrari officielles.
Le premier dépassement est à mettre à l’honneur de Maurice Trintignant. Il dépasse Stirling Moss, suivi peu après par Nino Farina qui prend le meilleur sur le pilote Anglais juste avant le monument aux Girondins. Si Behra a pu creuser un écart d’une dizaine de secondes, la lutte est réelle entre Musso et Trintignant avant que Trintignant ne s’empare de la deuxième place au 9ème tour.
Derrière, alors qu’il menait le peloton des poursuivants devant Mieres, Bayol, Simon et Bira, le champion du monde 1950 Nino Farina est lâché par la boite de vitesse de sa Ferrari au 13ème tour. Bien installé depuis plusieurs tours à la cinquième place, Elie Bayol décide d’arrêter sa Gordini au 22ème tour par sécurité, ayant entendu un bruit insolite. S’il réussit à rejoindre son stand en la poussant, ce n’est que pour confirmer son abandon à la suite de la rupture de sa transmission. Cet incident confirme à nouveau la rudesse du tracé pour les boites de vitesse comme le relatera l’emblématique magazine britannique Motorsport.
Pendant que Behra conserve un rythme soutenu et caracole en tête, Trintignant baisse lentement ses temps au tour. Perdant du terrain sur son compatriote, il est rejoint par Musso qui l’attaque devant la Bourse Maritime au 48ème tour. L’Italien le double et peu après, le pilote Provençal s’arrête à son stand. Toutefois, il ne s’agit pas pour Maurice Trintignant d’un problème mécanique mais humain. Pétoulet subit de plein fouet la chaleur émanant de sa monoplace et ne parvient plus à la piloter. Dès lors, la décision est prise d’en confier le volant à Farina pour que ce dernier reprenne la course, comme cela est fréquent à l’époque, et le champion du monde Italien s’installe dans la monoplace de Trintignant.
L’écurie officielle Maserati dominant désormais la course, le rythme ralentit. Un seul pilote roule beaucoup plus vite que les autres, Stirling Moss. Après son mauvais début de course, il a redépassé de nombreux concurrents, a pu se dédoubler de Behra et pointe désormais à la 4ème place, profitant pleinement de ses freins à disque de marque Dunlop, un nouvel équipement exceptionnel pour une Maserati sur le circuit. Essayant de son côté de rattraper son tour de retard conséquence du temps passé au stand pour le changement de monoplace, Farina s’offre un superbe tête-à-queue sans conséquence au 61ème tour, à la sortie des Quinconces.
Les deux coéquipiers de Behra, Musso et Mieres, se rapprochent lentement mais surement du leader de la course. Après avoir ralenti, Behra ne compte plus que deux petites secondes d’avance sur Musso au 64ème tour. Toutefois, les deux coéquipiers mènent bien une course d’équipe et restent sagement blottis derrière le Français. Décidément en retrait, la Scuderia Ferrari poursuit sa séance d’essais grandeur nature en redonnant le volant de la seule 555 encore en lice à Maurice Trintignant, qui a pu récupérer physiquement. Mais, victime d’une canalisation de freins sectionnée, l’aventure ne sera que de courte durée.
L’allure endiablée de Moss subit un véritable coup d’arrêt alors qu’il reste bloqué à son stand durant presque quatre minutes, avant d’enthousiasmer en fin de course la foule présente, de rattraper la Gordini de Manzon handicapée par ses freins et d’aligner les records du tour. Finalement, il signe un temps de 1’20’’9 au 106ème tour, à 109,371 km/h de moyenne, nouveau record absolu du circuit. Après son récit sur le Grand Prix de 1954, Moss évoque également dans son livre « All my races » cette course de 1955, l’enchainement des épreuves et sa malchance Bordelaise : « Tout de suite après Goodwood (NDLR : où il a disputé le Glover Trophy le jour du Grand Prix de Pau), j’ai pu partir pour l’Italie rejoindre Mercedes pour préparer les Mille Miglia. J’ai pu avoir un vol pour Bordeaux pour conduire la Maserati dans cette course hors-championnat. Je marchais réellement très fort, harcelant Jean Behra pour prendre la tête, malheureusement la « guigne Moss » frappa de nouveau : vous ne le croirez pas, l’une des sangles retenant l’un des réservoirs d’essence cassa. Je rentrai immédiatement au stand, quatre minutes pour que Alf Francis fasse une réparation de fortune et je rejoignis la course. Je fis un nouveau record du tour tout en essayant de rester sur la route et cette quatrième place résonne encore comme une déception. ». Cette épreuve lui permet de parfaire sa condition physique avant de participer comme prévu la semaine suivante à l’épreuve de ville à ville des Mille Miglia. Secondé par le journaliste Denis Jenkinson, il va réaliser à cette occasion une course de légende, remportant l’édition la plus rapide de l’histoire sur sa Mercedes 300SLR.
En dehors du pilote Anglais, et avec les trois Maserati officielles aux trois premières places, le déroulement de la course Bordelaise laisse donc peu de place au doute. Jean Behra franchit le premier le drapeau à damier et remporte logiquement l’épreuve. Une course tactiquement parfaite de l’ancien champion moto et probablement une des plus belles victoires de sa carrière pour le Niçois qui exprime d’ailleurs largement sa joie après l’épreuve : « Je suis plus que content, je suis heureux. Je n’étais pas plus rassuré à Bordeaux que je ne l’étais à Pau. Avec Ferrari, on ne sait jamais rien et il y avait le lion Farina et aussi Maurice ! Pourtant, quelque chose me disait d’espérer… parce que je n’avais jamais gagné à Bordeaux où je viens, ne l’oubliez pas, depuis 1947. A moto dans ce temps-là ! La Maserati est absolument parfaite. Autrefois, c’était le pilote qui réalisait les performances, maintenant c’est la machine. Et mes coéquipiers Musso et Mieres ont été des copains. Nous aurions pu finir sur la même ligne, ils ont voulu que je sois seul ! C’est gentil ! L’an dernier, j’avais repéré de l’œil la coupe splendide que Sud Ouest avait offerte à Gonzalez. J’avais pensé qu’un jour ou l’autre, elle pourrait me revenir. Ça y est ! Je la tiens ! Merci à tous, au public, à mes camarades, à l’ACSO qui s’intéresse intelligemment au sport automobile et qui sait si bien encourager et défendre les coureurs. » (Sud Ouest, 25 avril 1955).
Le lendemain, dans le compte-rendu de l’épreuve, il est écrit dans les colonnes de Sud Ouest que « Le rideau est tombé dans une atmosphère de triomphe et dans l’allégresse générale, vive le Grand Prix de Bordeaux 1956 ! » (Sud Ouest, 25 avril 1955)…
Hélas, ce Grand Prix n’aura jamais lieu…
Le 11 juin 1955 se déroule l’une des plus dramatiques catastrophes de l’histoire du sport automobile à l’occasion des 24 Heures du Mans… À Bordeaux, l’ACSO n’ignore rien de ce drame, des conditions de sécurité draconiennes instaurées par les autorités nationales à l’automne et de ses conséquences locales. En effet, si le circuit des Quinconces permet au public de suivre les concurrents, il n’offre absolument pas les garanties de sécurité devenues obligatoires à moins de consentir d’énormes efforts financiers et de lourds travaux que ni l’ACSO ni la mairie de Bordeaux ne peuvent se permettre. Le dimanche 4 décembre 1955, à l’occasion du banquet du cinquantenaire du Moto-Club, alors que le président Brunetière annonce une épreuve réservée aux motos les 5 et 6 mai 1956 dans l’enceinte du Parc Bordelais, le président de l’ACSO Louis Baillot d’Estivaux confirme dans son allocution ce que tout le monde craignait : la fin du Grand Prix de Bordeaux sur le circuit des Quinconces…
Toujours sous la présidence d’Armand Fourcade, l’ASACSO avait déjà basculé, depuis novembre 1955, sur la préparation d’un nouvel évènement : le rallye Bordeaux Sud-Ouest. La première édition se déroulera les 14 et 15 avril 1956.
Les statistiques retiennent que 28 pilotes différents ont pris part aux différents Grands Prix de Bordeaux disputés sur le circuit des Quinconces, trois d’entre eux ayant participé aux quatre éditions : Louis Rosier, Maurice Trintignant et le Prince B. Bira. Ce dernier est d’ailleurs le pilote qui a roulé le plus de kilomètres en course sur le circuit des Quinconces, avec 401 tours effectués. Par ailleurs, ironie de l’histoire ou symbolique des chiffres, le vainqueur de la première édition, Louis Rosier en 1951, et celui de la dernière, Jean Behra en 1955, ont tous deux gagnés le Grand Prix de Bordeaux avec une voiture arborant le numéro 14 !
Et comment passer sous silence la passion des organisateurs des différentes éditions, à commencer par Georges Sarthou qui, au nom du Moto-Club de Bordeaux ou de l’Automobile Club du Sud-Ouest, fut impliqué dans l’organisation de tous les Grands Prix de 1928 à 1955 !
Epilogue de l’aventure des Grands Prix, le bureau de l’ACSO décide dans sa réunion du 26 juin 1956 « en raison des lourdes charges de gardiennage et des inconvénients que pourrait présenter le séjour prolongé de ce matériel sans utilisation nouvelle » de vendre le matériel utilisé lors des différentes éditions disputées sur le circuit des Quinconces (passerelles, postes de chronométrages, tableau d’affichage, stands de ravitaillement, gradins,…). Entreposé, ce matériel est proposé en 1956 à l’Automobile Club Basco-Béarnais pour le Grand Prix de Pau puis, après plusieurs propositions d’industriels bordelais, le matériel est cédé en 1958 aux établissements Fabre pour un montant de 135 000 francs.
ENGAGÉS ET CLASSEMENTS DES COURSES ANNEXES
MOTO 125 cm3
2 - LACREZE - Puch
4 - BORTHAYRE - MV Agusta
6 - ESCOUBAS - MV Agusta
8 - LABEGUERIE - Rumi
10 - PASQUET - Rumi
12 - DAOUST - Mondial
14 - GROBETY - MV Agusta
16 - SOULET - MV Agusta
18 - VIDAL - Ardie
20 - BOYER - Puch
22 - COURT - Peugeot
24 - BETEMPS - MV Agusta
26 - BAYLE - MV Agusta
30 - BOYER - Peugeot
MOTO 175 cm3
32 - DUPART - Puch
34 - BEAUVAIS - Sotecma
36 - CUIN - Arcizet
38 - GALTIE - Puch
40 - VERGHERES - Peugeot
42 - BOUIN - Peugeot
44 - ONDA - Magnat-Debon
46 - BONNET - New-Map
48 - DAGAN - Ydral
50 - JEAN - Ultima
52 - LECOUR - Peugeot
54 - FOURCADE - Alcyon
56 - MOURY - Puch
58 - FOURES - Puch
Classement
1. Jacky ONDA en 1h03’28’’
2. BAYLE, à 21’’ (vainqueur de la catégorie 125)
3. BEAUVAIS, à 40’’
4. BOUIN, à 1 tour
5. SOULET, à 1 tour
6. JEAN, à 1 tour
7. ESCOUBAS, à 2 tours
8. LABEGUERIE, à 2 tours
9. DUPART, à 2 tours
10. BORTHAYRE, à 3 tours
11. MOURY, à 3 tours
12. VIDAL, à 4 tours
13. FOURCADE, à 5 tours
14. GROBETY, à 5 tours
15. LAGREZE, à 7 tours
16. BONNET, à 8 tours
SIDECARS
Engagés
60 - Cyril SMITH (Angleterre) - Norton
62 - Friedrich HILLEBRAND (Allemagne) - BMW
64 - Rudolph KOCH (Allemagne) - BMW
66 - Otto SCHMID (Allemagne) - Norton
68 - Julien DERONNE (Belgique) - BMW
72 - Roland BENZ (Suisse) - Norton
74 - André REICHLIN (Suisse) - Norton
76 - Jacques DRION (France) - Norton
78 - Jean MURIT (France) - BMW
80 - René BETEMPS (France) - Norton
82 - Marcel BEAUVAIS (France) - Norton
84 - Julien VERD (France) - Norton
86 - Guy SAUZEREAU (France) - Norton
88 - Raymond FOURCADE (France) - Triumph
Classement
1. Friedrich HILLEBRAND en 49’10’’
2. MURIT, à 1’41’’
3. SMITH, à 1 tour
4. DRION, à 1 tour
5. KOCH, à 1 tour
6. BEAUVAIS, à 3 tours
7. REICHLIN, à 4 tours
8. SCHMID, à 11 tours
VOITURES DE SPORT
De 750 à 1100 cm3
Engagés
12 - Lucien DORE (France) - Panhard Coupé Sport
16 - Raymond RISPAL (France) - Renault Tank
18 - Jacques CALES (France) - Simca spéciale
20 - Jean-Claude MOTHE (France) - Simca Sport
22 - Tony DIVAL (Allemagne) - Porsche
24 - Albert COGNET (France) - Renault Tank
26 - Louis CORNET (France) - Panhard DB Tank
28 - LOUJAY (France) - Panhard DB
30 - Jean ROUX (France) - Simca
De 1100 à 1500 cm3
Engagés
2 - Josef JESER (Allemagne) - Porsche 550 Spyder
4 - Claude STOREZ (France) - Porsche 550 Spyder
6 - Georges MOLINA (France) - Simca Spéciale
8 - Kurt AHRENS (Allemagne) - Porsche 550 Spyder
10 - René JEANJACQUET (France) - Porsche 550 Spyder
14 - Marcel BALSA (France) - Porsche 550 Spyder
Classement
1. Kurt AHRENS en 52’08’’4
2. BALSA, à 06’’
3. JESER, à 1’22’’
4. RISPAL, à 3 tours (vainqueur de la catégorie 750-1100)
5. CALES, à 3 tours
6. MOTHE, à 3 tours
7. COGNET, à 3 tours
8. MOLINA, à 4 tours
9. LOUJAY, à 4 tours
10. DORE, à 6 tours
11. DIVAL, à 8 tours
2 - Robert MANZON (France) - Gordini T16 - Châssis 32 - Gordini
4 - Elie BAYOL (France) – Gordini T16 - Châssis 35 - Gordini
6 - Nino FARINA (Italie) - Ferrari 555 - Châssis 1 - Scuderia Ferrari
8 - Maurice TRINTIGNANT (France) - Ferrari 555 - Châssis 2 - Scuderia Ferrari
10 - Stirling MOSS (Angleterre) - Maserati 250F - Châssis 2508 - Moss
12 - Louis ROSIER (France) - Maserati 250F - Châssis 2506 - Ecurie Rosier
14 - Jean BEHRA (France) - Maserati 250F - Châssis 2516 - Officine Maserati
16 - Roberto MIERES (Argentine) - Maserati 250F - Châssis 2515 - Officine Maserati
18 - Luigi MUSSO (Italie) - Maserati 250F - Châssis 2501 - Officine Maserati
20 - André SIMON (France) - Maserati 250F - Châssis 2505 - Simon
22 - Prince B. BIRA (Thaïlande) - Maserati 250F - Châssis 2504 - Prince Bira
24 - Alfonso DE PORTAGO (Espagne) - Ferrari 625 - Châssis 0540 - Marquis de Portago
1. Jean Behra en 2h 54’12"6, soit une moyenne de 104,112 km/h
2. Luigi Musso à 0"2
3. Roberto Mieres à 0"7
4. Stirling Moss, à 1 tour
5. Robert Manzon, à 2 tours
6. Prince B. Bira, à 4 tours
Pole-position :
Jean Behra
Meilleur tour en course:
Stirling Moss en 1’20"9 (109,371 km/h)
Abandons
André Simon, pression d’huile (100ème tour)
Louis Rosier, boite de vitesse (91ème tour)
Maurice Trintignant, freins (73ème tour)
Alfonso de Portago, température d’eau (41ème tour)
Elie Bayol, transmission (22ème tour)
Nino Farina, boite de vitesse (14ème tour)
LIENS
è Reportage de la course pour les actualités télévisées, sur le site de la Gaumont : https://www.gaumontpathearchives.com/index.php?urlaction=doc&id_doc=176102&rang=9
è Le compte-rendu de l’épreuve dans le quotidien local Sud Ouest (compte abonné obligatoire) : https://archives.sudouest.fr/download/1-10022741
è Le compte-rendu de l’épreuve dans l’hebdomadaire local L’Athlète : à venir
è Le compte-rendu de l’épreuve dans le quotidien national L’Équipe : à venir
-> Le compte-rendu de l’épreuve dans le mensuel britannique Motorsport (compte abonné obligatoire) : https://www.motorsportmagazine.com/archive/article/june-1955/32/the-iv-grand-prix-de-bordeaux/
-> Photo prise dans les stands avec le président Louis Baillot d’Estivaux, le maire Jacques Chaban-Delmas, Jean Behra et le cycliste Guy Lapebie, issue des archives de Sud Ouest : https://media.sudouest.fr/7386453/1000x625/so-57eb905f66a4bd7760bff1f0-ph0.jpg
-> Photo prise durant les essais avec Jean Behra passant devant une tribune alors qu’au premier plan, sur les bottes de pailles, Guy Lapebie pose chronomètre en mains, issue des archives de Sud Ouest : https://media.sudouest.fr/7386453/1000x625/so-57eb905f66a4bd7760bff217-ph0.jpg
-> Photo du départ de la course des voitures Sport, issue des archives de Sud Ouest : https://cdn.artphotolimited.com/images/5800d5a464fb3f11c210ba40/700x700/grand-prix-automobile-de-bordeaux-en-1955-b.jpg
-> Photo de la course des voitures Sport, avec la Porsche de Kurt Ahrens dépassant dans les derniers tours celle de Marcel Balsa devant les hangars des quais, issues des archives de Sud Ouest : https://media.sudouest.fr/24175617/1000x500/sowe659-samedi26avril2025-copie.jpg
è Photo de la grille de départ, en couleur, prise par André Baillot d’Estivaux : https://media.sudouest.fr/7386453/1000x625/so-57eb905f66a4bd7760bff21d-ph0.jpg?v=1645875977
è Photo de Jean Behra, félicité après l’arrivée, issue des archives de Sud Ouest : https://media.sudouest.fr/2313126/1000x625/grand-prix-automobile.jpg
è Le départ de la course des voitures de sport, issue des archives de Sud Ouest : www.artphotolimited.com/themes/sport/sport-automobile/formule-1/photo/archives-sudouest/grand-prix-automobile-de-bordeaux-en-1955-b
è Photo du départ devant les colonnes rostrales, issue des archives de Sud Ouest : https://media.sudouest.fr/7386453/1000x625/so-57eb905f66a4bd7760bff1dc-ph0.jpg
-> Photo du changement de pilote dans le stand de la Scuderia Ferrari entre Maurice Trintignant et Nino Farina, issue des archives de Sud Ouest : https://media.sudouest.fr/7386453/1000x625/so-57eb905f66a4bd7760bff209-ph0.jpg
-> Photo de Stirling Moss à l’entrée des Quinconces au volant de sa Maserati, issue des archives de Sud Ouest : https://media.sudouest.fr/7386453/1000x625/so-57eb905f66a4bd7760bff1fd-ph0.jpg
-> Photo du passage victorieux sous le drapeau à damier pour Jean Behra, issue des archives de Sud Ouest : https://media.sudouest.fr/2313126/1000x625/grand-prix-automobile2.jpg
-> Photo des 4 Maserati aux 4 premières places, avec Jean Behra, déjà au micro du speaker Georges Fraichard, Luigi Musso, Roberto Mieres et Stirling Moss, qui rejoint les trois autres après avoir déjà ôté son casque, issue des archives de Sud Ouest : https://media.sudouest.fr/2313126/1000x625/grand-prix-automobile3.jpg
Page créée en mai 2025 // dernière mise à jour en mai 2025