LE CIRCUIT DE VITESSE DU 14 MAI 1950 A LESPARRE
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Affiche du GP 1950 - archives ACSO |
Après des épreuves motos dans le Parc Bordelais et le passage de quelques rallyes, dont le mythique Monte-Carlo qui renoue avec le passage en Gironde de l’un de ses parcours de concentration dans la nuit du 25 janvier 1949, la compétition automobile est enfin de retour à Bordeaux le dimanche 19 juin 1949, à exactement 14h30 ! Sur les boulevards ceinturant la ville, une épreuve du kilomètre départ arrêté est organisée par l’ACSO entre la barrière de Toulouse et la barrière de Bègles. Et ce sous l'autorité du nouveau président de l'ACSO, élu depuis 1947, Louis Baillot d'Estivaux. Cette ligne droite constitue le cadre idéal pour une épreuve de vitesse pure, en boucle avec un virage au niveau de la route de Toulouse. De nombreux amateurs Bordelais se pressent, une quarantaine de voitures étant finalement inscrites et Albert Divo apportant sa renommée à l’évènement. Si la multiplication des sous-catégories a quelque peu déconcerté un public moins nombreux qu’envisagé (à cause du soleil ou de l’inauguration de la Foire Internationale sur la place des Quinconces), la vitesse était bien au rendez-vous. Albert Divo réalise comme attendu le temps le plus rapide de la journée en 46’’2 (soit une vitesse de 77,922 km/h), lors de sa deuxième tentative.
Au nord du département de la Gironde, le Moto-Club du Médoc organise ce même 19 juin 1949 une course de motos à une cinquantaine de kilomètres de Bordeaux, au cœur du Médoc, à Lesparre, sur la piste de la Bécade. Un « Grand Prix moto-auto » avait déjà été organisé le 3 août 1947. Cette épreuve de 1949 est remportée, en 350cm3, par le Britannique Ernie Thomas sur sa Velocette devant celle de Bernard Guérin. Dans l’épreuve des 500cm3, il s’agit d’un succès pour le Niçois Jean Behra et sa Moto-Guzzi, devant la Gilera de Jacques Collot et la Triumph de Creft.
Après cette course de 1949, le Moto-Club du Médoc souhaite passer à la vitesse supérieure et sollicite le soutien de l’ACSO pour mettre en place le circuit de vitesse automobile du Médoc, toujours à Lesparre. Après de nombreuses discussions au sein du bureau, l’ACSO décide de participer à cette organisation et fait enregistrer la course dans le calendrier national de l’Automobile Club de France au mois de février 1950.
Il est décidé le 19 avril 1950 que le directeur de course sera le président d’honneur de l’ACSO Pierre Darroman et que parmi les commissaires sportifs se trouveront l’autre président d’honneur de l’ACSO, François Merman, le désormais secrétaire général de l’ACSO Georges Sarthou ou encore le président de l’ASACSO, Paul Chauveau. Maurice Henry, journaliste de L’Équipe, est sollicité pour composer le plateau de la course phare qui opposera des Formule 2.
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Plan du circuit du GP 1950 - archives ACSO |
Le 14 mai 1950, Lesparre retrouve donc les saveurs et les odeurs de la compétition sur un circuit de forme triangulaire, un tracé de 2,800 kilomètres qui emprunte notamment la route reliant Bordeaux à Soulac puis le cours Victor Hugo. Le tracé a bénéficié de nombreux travaux d’aménagement grâce notamment à la mise en place d’une souscription : routes élargies et goudronnées, bas-côtés aménagés et 93 ormeaux centenaires arrachés…
LES COURSES ANNEXES
Après les essais du samedi, les monoplaces devront effectuer 75 tours de ce circuit Médocain ultra-rapide et sans réelle difficulté, où la fiabilité sera mise à rude épreuve.
Ayant la primeur de la programmation dans la matinée du dimanche, les courses de motos voient la victoire de Jacques Collot (Velocette) en 350cm3, après 25 tours de course tous disputés en tête devant le Parisien Georges Houel, et celle de Jean Behra (Moto-Guzzi) en 500cm3.
Le Champion de France en titre de la discipline l’emporte au terme des 30 tours devant Georges Houel (encore deuxième, sur Gilera) et Gustave Lefevre (Norton). Au passage, Jean Behra en profite pour signer le record du tour absolu du circuit, à 113,131 km/h de moyenne.
LE GRAND PRIX
Le dimanche, à 15 heures, Pierre Darroman donne le départ aux douze concurrents de la course de Formule 2. Sur sa Ferrari 166, Raymond Sommer est le seul pilote de notoriété pour le public. Parti en tête après son meilleur temps réalisé lors des essais, il rencontre des problèmes d’embrayage dès le 3ème tour, qui le forcent à s’arrêter plusieurs minutes au stand, l’équivalent de quatre tours pour les hommes de tête. Autre potentiel favori, Robert doit lutter avec de nombreux soucis électriques sur sa Cisitalia.
La course se résume dès lors à une lutte entre les deux Simca-Gordini T15 d’André Simon et de Roger Loyer. Ce dernier souffrait d’ailleurs d’un gros hématome à la jambe à la suite d’un accident juste avant le départ de la course des motos 350cm3 où il était engagé. La plupart des poursuivants sont donc largement retardés, et plusieurs abandons sont à déplorer, dont celui de… Jean Behra, qui effectue sur une Cisitalia D46 à moteur FIAT une de ses premières courses automobiles.
Détaché, André Simon signe une victoire amplement méritée après les 210 kilomètres de course, la première de sa carrière en monoplace. Pilotant de main de maître la T15 châssis n°11, construite en avril 1949, il devance d’un tour son coéquipier qui disposait de la T15 châssis n°9 fabriquée pour sa part en avril 1948.
Sommer réussit finalement à rallier l’arrivée à la troisième place. Cette course jouera toutefois un rôle majeur dans sa carrière, et surtout sa vie. C’est en effet à l’occasion de l’épreuve de Lesparre qu’il rencontre et accepte l’invitation des organisateurs de la course de F2 se disputant le 10 septembre à Cadours, entre Auch et Toulouse, où il trouvera la mort en sortant de la piste au volant de sa Cooper…
ENGAGES
2 – « ROBERT » (France) – Cisitalia D46 – Ecurie Paris
4 - Roger LOYER (France) - Simca-Gordini T15 – châssis 0009 - Ecurie Paris
6 – Jean DAVID (France) - Simca-Deho – Ecurie Huc
8 - Valmont PIERREISNARD (France) - Simca-Deho – Ecurie Huc
10 – Roger GERBOUT (France) - RG Spéciale
12 - Raymond SOMMER (France) – Ferrari 166
14 - André SIMON (France) - Simca-Gordini T15 - châssis 0011 - Gordini
16 - Jean THEPENIER (France) - Simca-Gordini T15 - Gordini
18 - Jean BEHRA (France) – Cisitalia D46
20 - François ANTONELLI (France) – Maserati
22 – Robert PRUNET (France) - RP Spéciale
24 – R. RIBO (France) – Bugatti
26 – Jacques LAPAILLERIE (France) - Simca-Gordini T11
28 - Raymond LANDEAU (France) - Bugatti
30 - Félix LECERF (France) - JG Spéciale
32 - Pierre DUVAL (France) – Cisitalia D46
4 - Roger LOYER (France) - Simca-Gordini T15 – châssis 0009 - Ecurie Paris
6 – Jean DAVID (France) - Simca-Deho – Ecurie Huc
8 - Valmont PIERREISNARD (France) - Simca-Deho – Ecurie Huc
10 – Roger GERBOUT (France) - RG Spéciale
12 - Raymond SOMMER (France) – Ferrari 166
14 - André SIMON (France) - Simca-Gordini T15 - châssis 0011 - Gordini
16 - Jean THEPENIER (France) - Simca-Gordini T15 - Gordini
18 - Jean BEHRA (France) – Cisitalia D46
20 - François ANTONELLI (France) – Maserati
22 – Robert PRUNET (France) - RP Spéciale
24 – R. RIBO (France) – Bugatti
26 – Jacques LAPAILLERIE (France) - Simca-Gordini T11
28 - Raymond LANDEAU (France) - Bugatti
30 - Félix LECERF (France) - JG Spéciale
32 - Pierre DUVAL (France) – Cisitalia D46
CLASSEMENT
1. André Simon en 1h55’41, soit une moyenne 108,907 km/h
2. Roger Loyer, à 1 tour
3. Raymond Sommer, à 3 tours
4. Jean Thepenier, à 10 tours
5. « Robert », à 11 tours
6. Félix Lecerf, à 14 tours
2. Roger Loyer, à 1 tour
3. Raymond Sommer, à 3 tours
4. Jean Thepenier, à 10 tours
5. « Robert », à 11 tours
6. Félix Lecerf, à 14 tours
Pole-position :
Raymond Sommer
Raymond Sommer
Meilleur tour en course :
André Simon en 1’25’’9 (112,124 km/h)
LIENS
è Le compte-rendu de l’épreuve dans le quotidien local Sud Ouest (compte abonné obligatoire) : https://archives.sudouest.fr/download/1-9984594
è Le compte-rendu de l’épreuve dans le quotidien national L’Équipe : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5101711b/f2.item
Page créée en mai 2025 // dernière mise à jour en mai 2025