1929

 LE GRAND PRIX DU SUD-OUEST DU 23 JUIN 1929 SUR LE CIRCUIT DU PARC BORDELAIS 

Affiche du GP 1929 - archives ACSO

Après le Grand Prix de 1928, le MCB s’associe de nouveau à l’ACSO pour créer un nouveau circuit. L’union entre Georges Sarthou et Louis Gonfreville, Président de l’ACSO, est confortée par le soutien apportée par François Merman, désormais président de la Commission Sportive de l’ACSO, et l’aide ponctuelle de membres de l’Automobile Club Basco-Béarnais et de l’Automobile Club Agenais. Une grande décision est prise lors du banquet du Moto-Club de Bordeaux le 9 février 1929, où Pierre Darroman représente l’Automobile Club et où Georges Sarthou peut fièrement annoncer que le MCB « compte déjà un millier de membres » (La Petite Gironde, 13 février 1929). Il s'agit de modifier la formule du Grand Prix et surtout d’en déplacer le lieu, pour privilégier un site plus proche du centre-ville avec le Parc Bordelais. Une proposition validée le soir même par l’ACSO lors de son Assemblée Générale, avec naturellement le soutien de la mairie de Bordeaux.

 

LA PREPARATION

plan du circuit du GP 1929 - Gallica

Tout est en place le 23 juin 1929 pour accueillir le Grand Prix du Sud-Ouest. Une journée complète de compétition est programmée pour 10 heures de spectacle, les spectateurs pouvant naturellement se restaurer sur place avec l’une des nombreuses buvettes installées. Quatre courses de motos vont avoir lieu sur 50 tours, respectivement réservées aux cylindrées de 175 cm³, 250 cm³, 350 cm³ et enfin 500 cm³. Quatre épreuves également pour les automobiles, réservées aux 750 cm³, 1.100 cm³ sans compresseur, 1.100 cm³ avec compresseur, et la dernière aux voitures de tourisme et de série. Une épreuve pour cyclistes est par ailleurs inscrite à la mi-journée !

Le circuit permet de faire découvrir aux Bordelais un nouveau type d’épreuve, proche des courses sur autodrome. Pour cela, un tracé de 1,525 kilomètre est réalisé dans l’enceinte du Parc Bordelais, un circuit de forme ovoïde qui reprend les allées de onze mètres de larges réservées aux promenades à cheval. Celles-ci sont goudronnées pour la préparation de la course et un virage est légèrement relevé pour faciliter le passage des voitures.

LES COURSES ANNEXES

14 voitures et 27 motos sont engagées toutes catégories confondues, et peuvent participer à deux séances d’entrainement sur le circuit les 21 et 22 juin au petit matin, entre 5h et 7h, le Parc Bordelais étant normalement interdit aux véhicules à moteur dans la journée. Le samedi se déroule le pesage des voitures à Talence, devant la chocolaterie Toblerone, avant de voir les concurrents se rendre au siège de l’ACSO pour assister au tirage au sort des positions au départ.

Le dimanche, les courses peuvent avoir lieu sous un soleil véritablement estival. Il est à noter la présence parmi les officiels, avec le titre de chronomètre honoraire, de Maurice Martin. Pionnier et ardent défenseur de la vélocipèdie, Maurice Martin a donné le départ de la première édition de la course cycliste Bordeaux-Paris en 1891 et le fait depuis lors de chaque édition ! Il soutient également le développement de l’automobile en participant à plusieurs comités d’organisation d’épreuves locales aux côtés des fondateurs de l’Automobile Club. Celui qui est également l’inventeur en 1905 de l’appellation « Côte d’Argent » pour identifier le littoral entre le Médoc et le Pays Basque est nommé chronométreur officiel de l’Automobile-Club en 1909. Vingt ans plus tard, il supervise donc toujours cette fonction.

En moto 175 cm³, quatre machines sont présentes, et la victoire ne peut être départagée entre Alexandre Hommaire et Albert Sourdot, tous deux sur Monet-Goyon. En 250 cm³, la Dollar d’André Dubois triomphe d’un nouveau quatuor d’engagés, alors que huit motos se disputent la victoire en 350 cm³, laquelle revient finalement à Hommaire, toujours sur Monet-Goyon. Dans la dernière course, Edouard Lafon mène sa 500cm³ Triumph à la victoire.

 

LE GRAND PRIX

Concernant les automobiles, Pierre Lartigue prend immédiatement la tête de l’épreuve des 750 cm³ sur sa Rosengart, devant les autres concurrents que sont les Peugeot de Demazel et Vidal. Au 9^ème tour, Lucien Demazel réussit à s’emparer du commandement, prélude à un véritable chassé-croisé en tête avec Lartigue, les deux pilotes étant seuls en piste après l’abandon d’un Vidal déjà distancé. Finalement, Demazel remporte la course en effectuant les 35 tours en 50’41’’ avec 300 mètres d’avance devant Lartigue. Ce dernier est le concessionnaire Rosengart au sein du Garage de Guyenne rue Judaïque à Bordeaux. Originaire d’Issy-les-Moulineaux en région Parisienne, Lucien Demazel a déjà signé quelques succès sur sa Peugeot mais était surtout un pilote d’avion émérite, obtenant son brevet de l’Aéro-Club de France (n°884) le 25 mai 1912, alors qu’il n’avait que 18 ans !

 

Cinq voitures sont au départ de la course des 1.100 cm³ à compresseur : Anne-Cécile Rose-Itier (Rally), Faure (BNC), Rongieras (BNC), Lepicard (Donnet) et Darroman avec son Amilcar victorieuse aux Quatre-Pavillons. Maurice Faure réalise le meilleur envol au départ, avant d’être rapidement dépassé par Pierre Darroman. Une véritable ronde s’organise alors, avec peu de changement jusqu’au 20^ème tour où Auguste Rongieras apparait à son tour à la première place devant Lepicard et enfin Darroman qui a été retardé. Si Lepicard doit s’arrêter longuement à son stand et perd ainsi toute possibilité de gagner la course, Rongieras effectue un arrêt de ravitaillement beaucoup plus rapide juste après le 40^ème tour. Toutefois, il est contraint de laisser dans cette manœuvre le commandement à Darroman, lequel remporte l’épreuve au terme des 50 tours en 1h07’25’’, devant Rongieras, Madame Rose-Itier et enfin Lepicard, Faure ayant dû abandonner.

 

A 17h30, l’épreuve réservée aux voitures 1.100 cm³ sans compresseur peut s’élancer pour clôturer cette superbe journée de sport. Cinq automobiles y sont également engagées aux mains de David (Salmson), de Barry (Tracta), d’Abbadie d’Arrast (Salmson), de Saint-Affrique (Amilcar) et Pousse (Rally). En tête dès le départ, David augmente son avance tour après tour sur ce petit circuit. Derrière lui, les arrêts se multiplient et facilitent sa tâche. Son avance finale est ainsi de trois tours sur Pousse, qui termine à la deuxième place devant de Barry, d’Abbadie d’Arrast et de Saint Affrique. Avec un temps de 1h04’09’’, David l’emporte au classement cumulé des voitures d’une cylindrée de 1.100 cm³. 

Le succès sportif et populaire est au rendez-vous et, comme le souligne l’hebdomadaire sportif régional L’Athlète dans son édition du 26 juin, « les dirigeants de nos deux actifs groupements ont trouvé dans cette journée la meilleure récompense à leurs efforts constants pour hisser notre ville au niveau des importants centres automobiles et motocyclistes français (…) Cette démonstration est la meilleure preuve qu’ils doivent continuer dans cette voie et que Bordeaux, à l’avenir, doit avoir chaque année tout comme Lyon, Reims, Monaco et autres un Grand Prix qui amènera dans notre ville toutes les célébrités du volant et du guidon. Tel est le bilan de cette journée, dont le mérite revient aux sportsmen de l’ACSO et du MCB ».

Malheureusement, cette épreuve se solde par un nouveau déficit financier malgré un « succès moral », comme le qualifie le président Gonfreville lors de l’Assemblée Générale de l’ACSO du 2 février 1930. Face à ces problèmes budgétaires et aux soucis liés aux dangers d’une course sur un tel site, il est décidé conjointement par l’ACSO et le MCB de supprimer la course et de la remplacer par un concours de consommation et de régularité. 

PARTANTS

(tous français) :

1 – Lucien DEMAZEL – Peugeot
2 – Pierre LARTIGUE – Rosengart
4 – VIDAL - Peugeot
11 – DE BARRY – Tracta
12 – Hector DAVID - Salmson
14 – D’ABBADIE D’ARRAST - Salmson
17 – Anne-Cécile ROSE-ITIER – Rally
19 – Maurice FAURE - BNC
20 – Auguste RONGIERAS - BNC
22 – Etienne LEPICARD - Donnet
23 – Fernand POUSSE - Amilcar
24 – Pierre DARROMAN - Amilcar
25 – Philippe DE SAINT-AFFRIQUE - Amilcar

CLASSEMENTS

750 cm3 avec compresseur
1. Lucien Demazel en 50'41 (35 tours)
2. Pierre Lartigue

1100 cm3 avec compresseur
1. Pierre Darroman en 1h07'25 (50 tours)
2. Auguste Rongieras
3. Anne-Cécile Rose-Itier

1100 cm3 sans compresseur
1. Hector David en 1h04'09 (50 tours)
2. Fernand Pousse
3. de Barry

Classement (toutes catégories) :
1. Hector David
2. Fernand Pousse
3. Pierre Darroman
4. Auguste Rongieras
5. Anne-Cécile Rose-Itier

LIENS

è Le compte-rendu de l’épreuve dans le quotidien local La Petite Gironde : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k43699447/f5.item

è Le compte-rendu de l’épreuve dans le quotidien local La France de Bordeaux et du Sud-Ouest : https://www.retronews.fr/journal/la-france-de-bordeaux-et-du-sud-ouest/24-juin-1929/4/70dcbb1f-365b-484e-ac82-d5249ccde910

è Le compte-rendu de l’épreuve dans l’hebdomadaire local L’Athlète : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4559199n/f2.item

è Le compte-rendu de l’épreuve dans le quotidien national L’Auto : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4632872x/f2.item

è Le compte-rendu de l’épreuve dans le bulletin mensuel de l'Automobile Club du Sud-Ouest : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6602977x

Page créée en mai 2025 // dernière mise à jour en mai 2025